• M. le Premier ministre, de grâce, allez jusqu'à la victoire

    Je sais que vous n'apprécierez pas au premier regard la tournure de cette lettre. Quand Israël se retrouve en pleine opération militaire en raison de la turpitude et du péril que représentent ses ennemis, nous nous devons d'être solidaires, de serrer les coudes et de marcher comme un seul homme en direction de la réussite, avec l'aide de D. Et nous n'avons pas à venir dans ces moments durs critiquer le gouvernement qui agit en principe lui aussi à l'unisson avec le pays. Mais ne vous inquiétez pas là-dessus, car je vous approuve dans l'effort national que vous dirigez, et viens au contraire vous encourager à aller jusqu'au bout.

    Vous affirmez que les kidnappeurs sont concrètement des membres du mouvement terroriste Hamas. C'est fort probable. Je ne conteste pas votre affirmation. Ce qui me fait littéralement trembler, c'est qu'à partir de cette hypothèse, ou certitude, vous sembler dédouaner, blanchir et innocenter totalement le sieur Mahmoud Abbas, au moment même où vous lui demandez de vous aider à ramener les étudiants enlevés.

    Or, ces ravisseurs, avant d'être membres du Hamas ou de quelque organisation criminelle que ce soit, sont des individus qui ont perpétré leur forfait en profitant de tous les avantages que leur garantit l'occupation de l'autorité de ce même Abbas établie sur une partie impressionnante du la région centrale de la terre d'Israël. Ce même Abbas est de facto par conséquent directement responsable de tout ce qui se produit à partir de et sur le sol qu'il contrôle, en tant que successeur du terroriste Arafat, bénéficiaire sanguinaire des déplorables accords d'Oslo.

    Qu'attendez-vous donc pour lever cette immunité démentielle dont profite le criminel Abbas? Vous n'avez eu de cesse de tergiverser pendant des années en optant pour la patience et en affirmant dans presque tous vos discours qu'Abbas devait choisir entre le chemin de la paix ou celui de la guerre, et vous avez expliqué que s'il lorgnait sur le Hamas, il ne prouvait pas ainsi qu'il optait pour la paix. Lors de son accord avec le Hamas, vous vous êtes enfin décidé à reconnaître vous-même de quoi il en retournait et avez affirmé qu'Abbas avait choisi en s'unissant au Hamas le camp de la guerre. Alors pourquoi donc continuez-vous à ne pas prendre le taureau par les cornes?

    Déjà, lors de votre premier mandat, vous avez été élu parce qu'Israël avait compris la supercherie meurtrière et génocidaire des accords d'Oslo. Et pourtant, vingt ans après, vous continuez à ne pas vous démarquer de l'optique dangereuse et catastrophique des politiciens qui cachent sous le qualificatif de modérés leur mollesse et leur incompétence à relever le défi de la véritable défense d'Israël, et à assumer sans faire de quartiers une guerre contre un ennemi traître et meurtrier pour parvenir à paix véritable pour nos citoyens.

    Auriez-vous oublié qu'à chaque attentat qui transformait en fours crématoires les autobus israéliens, le responsable Arafat était d'emblée mis hors de cause par le leadership israélien? A chaque attentat, quand les vies de Juifs innocents confiants en leurs institutions gouvernementales étaient fauchées par dizaines, on nous désinformait en alléguant qu'Arafat voulait la paix, et que c'étaient des ennemis incontrôlables qui voulaient le discréditer et qui se faisaient exploser au milieu du paisible peuple d'Israël.

    La réalité crue a montré que plus le pouvoir israélien se montrait empathique et condescendant envers l'Olp, plus les horribles massacres se multipliaient. Il aura fallu attendre l'opération Rempart pour mettre un terme à ce cauchemar inconcevable où des Juifs se faisaient massacrer dans les transports ou dans les cafés, à chaque coin de rue, déchiquetés et brûlés, non pas en Ukraine il y a deux-cents ans ou en Allemagne et Pologne il y a soixante-dix ans, mais en plein Etat d'Israël. Ce fut cette même opération qui établit clairement le lien corrupteur entre le criminel de Ramallah et les familles des terroristes qui faisaient de leurs propres rejetons des bombes meurtrières contre de l'argent.

    Vingt ans après, vous refusez encore de vous rendre à l'évidence. Votre demande d'aide à Abbas l'innocente, comme votre ancien prédécesseur innocentait Arafat, et il a immédiatement saisi la perche que vous lui avez tendue pour arranger la situation à son avantage et en profiter pour se poser en victime qui subirait par ricochet les conséquences des agissements criminels et insensés de forces occultes qu'il ne contrôle pas et qui lui porteraient préjudice. Or, ce ricochet, il se trouve que c'est nous!

    En tendant cette perche à Abbas, non seulement vous vous tirez dans le pied en vous empêchant de rechercher nos innocents dont nous sommes sans nouvelles depuis une semaine, mais vous allez une fois encore faire pencher l'opinion internationale en faveur des terroristes : et parce que vous demandez à Abbas de vous aidez, l'opinion mondiale va commencer à le considérer comme votre victime.

    Une démarche plus judicieuse mais aussi plus courageuse consisterait non seulement à poursuivre le Hamas comme vous le faîtes, mais à faire endosser l'entière responsabilité de cette tragédie sur les épaules d'Abbas, en lui imposant un ultimatum, et en l'arrêtant physiquement, lui ainsi que ses proches, s'il ne vous ramène pas les enfants dans un délai qu'il vous reste à fixer. Il vous faut juste rectifier le tir : vous ne lui avez demandé de vous aider que par euphémisme, et votre intention a consisté bien sûr à exiger la libération des otages kidnappés sous sa tutelle et du sang desquels il est entièrement responsable.

    Cette pression que le monde entier approuvera, sur le criminel du Fatah et ses hommes de main les plus proches, a des chances de déboucher sur la restitution des enfants kidnappés. Et si une telle mesure, qui ne viendra pas seule, n'aboutit pas rapidement, alors il faudra envisager avec détermination la fin des activités de tout pouvoir terroriste étranger sur notre terre d'Israël, et encourager le départ de notre région des populations hostiles, plus haineuses envers les Juifs que tous les antisémites et néonazis d'Europe réunis.

    Une attitude saine d'un Juif guéri de l'exil lui interdit de considérer qu'expulser des Juifs de chez eux soit normal. Il ne cautionne pas l'expulsion des Juifs de Gaza, n'empêche pas les Juifs de construire et de s'étendre géographiquement dans la première ville de leur nation, y compris dans des maisons acquises en toute légalité, et il lui semble impensable qu'un gouvernement juif détruise au petit matin d'un froid hiver des maisons à Migron. Par contre, une mentalité propre à l'exil, profondément ancrée dans l'inconscient et le conscient de quelqu'un qui ne finit pas de ne pas en guérir, poussera à laisser les ennemis d'Israël manger toutes les collines de Sichem à Hébron en passant par Jérusalem, construite des villas, des palais et des immeubles à n'en plus finir et à fermer les yeux sur cette conquête agressive et immobilière de notre terre. Un esprit libéré de l'exil ne se dira plus que les Juifs doivent partir, là où ça barde pour eux, mais que le temps est largement venu pour que les antijuifs s'en aillent, ne fût-ce que d'un seul lieu dans le monde : la Palestine israélienne…

    Quant aux suspects appréhendés depuis le début de l'opération Chouvou Ahim, s'ils ne parlent pas, et si personne n'a révélé les liens du réseau terroriste et encore moins le lieu de rétention de nos jeunes gens qui doivent être en ce moment victimes de mauvais traitement et de tortures, s'ils n'ont pas déjà été assassinés, c'est que vous n'employez pas les moyens qui s'imposent pour les obliger à parler. Leur éteindre la télévision serait-il le meilleur moyen? Mais vous rendez-vous compte du ridicule que cela représente? Que nous sommes la risée des nations? La seul peur qui les motive, c'est celle de se faire assassiner par leurs propres frères si jamais ils se mettent à révéler le moindre indice qui nous permettrait de libérer les otages.

    De véritables mesures, outre le procès d'Abbas et de tous ses complices dont le retard indéfini qu'en a pris l'ouverture compte pour beaucoup dans cette dérision de notre peuple, notre Etat et notre armé, ne se limitent pas à ce que vous menez avec détermination depuis une semaine. Tant que les terroristes ne trembleront pas de peur, ils continueront à se moquer du peuple juif. Il est vrai que la politique de libération en masse d'assassins, la levée des barrages, etc., qui sévit depuis quelques années a certainement largement contribué à cette situation où des gens qui détestent les Juifs peuvent en attraper comme il leur chante.

    A quoi sert cette force de Tsahal si on ne s'en sert pas? Châtiez nos ennemis, vous en avez le pouvoir, sans peur et sans hésiter, le peuple est à fond avec vous pour retrouver les enfants juifs capturés uniquement parce qu'ils sont juifs. Et pour ce qui est du pouvoir de la Cour (où en sont vos démarches pour l'empêcher d'entraver le pouvoir du peuple?), elle risque de se rendre encore plus impopulaire si elle se met à défendre le Hamas si elle s'oppose à des moyens mis en œuvre pour le mettre hors d'état de nuire, alors qu'elle ne peut rien faire pour nos jeunes en captivité chez des bourreaux de la pire espèce. Le peuple est avec vous, alors soyez avec le peuple. Vous pouvez réparer toutes les erreurs, soyez-en heureux et motivé, vous êtes encore au pouvoir. Il ne servira à rien quand vous quitterez la politique de vous enfermer rongé par le remord.

    En vous souhaitant de réussir dans cette éprouvante besogne, et en espérant un retournement pour le bien, le retour de nos adolescents, la sécurité pour tous les Juifs qui risquent sans une fermeté à toute épreuve de se retrouver dans des situations semblables, D. préserve! et que s'approche la chute et la fuite de nos ennemis. Seulement, nous ne voulons plus pleurer, mais nous battre ; et pour nous battre, nous avons l'Etat d'Israël à qui D. donne la force de vaincre. Et c'est vous aujourd'hui, M. le Premier ministre, qui en tenez les commandes.

    Cheiplou oyvénou tahat raglénou.

                                                                                          Yéochoua Sultan

    url source: http://vu-sous-cet-angle.over-blog.com/2014/06/m-le-premier-ministre-de-grace-allez-jusqu-a-la-victoire.html


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  •  

    Les complices...

     

    Ces trois jeunes, de 16 à 19 ans, ont été enlevés jeudi dernier 12 juin. Les coupables présumés, selon les sources officielles, seraient des membres du Hamas. 

    Mais je veux ce soir poser la question de la complicité. Parce qu'il y a des complices...

    Ils se situent à différents niveaux, et occupent divers postes de responsabilité - ou d'irresponsabilité. Nous avons déjà les dirigeants de l'actuelle administration américaine, qui n'ont pas réagi avec la plus grande fermeté à l'alliance récente entre le Hamas et "l'Autorité palestinienne" d'Abou Mazen. 

    Nous avons ensuite les dirigeants de l'Union Européenne qui se sont félicités sans vergogne de cette alliance, la qualifiant de "pas vers la paix" - on croit rêver, mais c'est un cauchemar. 

    Nous avons aussi en Europe un certain nombre de médias qui sont au mieux silencieux, au pire évoque l'enlèvement de "colons"... Ceux-là n'avaient pas eu honte de le faire déjà il y a 3 ans, quand une famille entière avait été égorgée à Itamar: la petite Hadassah, âgée de 3 mois, faisait déjà partie de ces méchants colons, ainsi que ses frères, sœurs et parents! 

    Je ne puis passer sous silence, comme complices, tous ces gouvernements d'Europe et d'ailleurs* qui, par le biais de subventions massives, financent les programmes "éducatifs" palestiniens, qui formatent l'esprit des jeunes et les conditionnent à la haine et au mépris, au djihad dont ce rapt de gamins n'est qu'un exemple parmi d'autres. 

    ***

    Depuis ces derniers jours, je me demande comment je voudrais que notre gouvernement réagisse...

    Faut-il leur entrer dans le lard à tous, sans chercher à distinguer les coupables des innocents?

    Mais c'est peut-être une question trop "galoutique**"...

    J'ai trouvé une partie de la réponse dans les éléments que donne Hannah dans son blog...  

    Parce que je pense que quand une population entière se réjouit comme elle le fait d'enlèvement d'enfants, cette population est elle aussi complice. 

    ***

    Au-delà de la colère que je ressens, il me semble légitime d'attendre de mon gouvernement et des instances législatives et judiciaires de mon pays des mesures efficaces et salutaires, dussent-elles déplaire ailleurs. 

    Cela va jusqu'à la réactivation de la peine de mort pour les terroristes***, cela va jusqu'à une guerre totale contre le Hamas. 

    Il ne m'est pas agréable d'écrire cela. Il ne me plaît pas de le penser. Mais l'autre terme de l'alternative est notre propre mort. 

    Et je ne veux pas de cela! 

    ---------

    * Pas seulement les gouvernements: une quantité de collectivités locales participe à ces financement, en toute illégalité. 

    ** Galoutique: peut-être un néologisme de ma part; la galout signifie l'exil, et par question galoutique j'entends une question typique du Juif de l'exil, qui voudrait faire le "bien" coûte que coûte, même lorsque que cela débouche sur sa propre destruction... 

    *** Contrairement à une idée répandue, Israël n'a jamais abolie la peine de mort dans certains cas, mais cette peine a pratiquement toujours été commuée en détention à perpétuité. Le résultat est triste, car un terroriste sait qu'il ne risque qu'une peine de prison limitée jusqu'au prochain "échange", grassement nourri dans un certain confort, et rémunéré par les aides internationales pour les crimes qu'il a commis... 


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  • "Quelle merveille, quel symbole! Décidément, Israël me surprend et m'émeut chaque fois un peu plus! 

    Le projet "Great in Uniform" permet à des jeunes handicapés de différentes formes d'intégrer le service militaire au sein de l'armée israélienne dans une démarche à long terme d'intégration à la société et d'autonomisation. 
    Ce qui est absolument merveilleux, c'est que l'armée israélienne prenne du temps et des moyens pour un projet comme ceci alors qu'elle est en guerre depuis 66 ans et qu'elle consacre d'énormes moyens à la défense du pays, avec une impérieuse nécessité de réalisme opérationnel. Une des armées les plus sollicités du monde qui fait l'effort d'intégrer des handicapés, c'est juste stupéfiant! 
    Là ou le symbole est grandiose, c'est que pendant des siècles en Europe ou au Moyen-Orient, les Juifs ont été interdits de porter des armes ou d'être soldats parce que c'était un métier noble. Ils savent mieux que quiconque l'humiliation et la marginalisation que représente le fait de ne pas pouvoir être soldat. Qui plus est, en Israël, tout le monde ou presque est soldat puisque l'armée israélienne est une armée de conscription et de réserve et faire partie de Tsahal est d'un grand prestige pour la société israélienne. Le symbole est donc double pour ces jeunes handicapés: en accédant à l'uniforme, ils sont mis sur le même plan que les citoyens sans handicap et sont intégrés au prestige national. 
    Leur sourire et leur réaction quand on leur remet leur béret est un coup à faire couler une larme!!"

    Timothée Larribau. 

     

     

     

    J'ajoute qu'il y a aussi l'intégration des autistes dans une unité très spéciale, que vous découvrirez en cliquant sur le lien... 

     

     


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  • De l'espoir

    par B. Lev

     

    Tant qu’au fond du cœur

    l’âme juive vibre,

    et dirigé vers les confins de l'Orient

    un œil sur Sion observe.

     

    Notre espoir n’est pas encore perdu,

    cet espoir vieux de deux mille ans

    être un peuple libre sur notre terre,

    terre de Sion et de Jérusalem.

     

    Hatikva (l'espoir) est l'hymne de l'État d'Israël, dont les paroles ont été composées par Naftali Herz Imber et la musique est adaptée d’une mélodie populaire. Comment ce poème et cet air se sont-ils rencontrés et pourquoi ont-ils acquis cette place au cœur de tant de sionistes?

     

    A. Le poème

     

    a. L'auteur et son époque

     

    Naftali Herz Imber (1856, Zolochiv, Galicie austro-hongroise - 1909, New York City) était un enfant prodige, bien versé dans les textes juifs. Adolescent, comme beaucoup dans sa génération, il adhère à la Haskala, et voyage en Hongrie et Bessarabie. En 1877 il arrive à Iași en Moldavie roumaine, un an après la naissance dans cette ville du premier théâtre Yiddish (par Goldfaden) et, accueilli chez l'érudit homme d'affaires Moché Waldberg, il entame l'écriture, en hébreu, d'un poème intitulé Tikvatenou (notre espoir).

     

    Les deux premières strophes de Tikvatenou, manuscrites et dédicacées par Naftali Herz Imber en 1908

     

    Quatre ans plus tard, Imber se trouve à Constantinople, et y rencontre Laurence_Oliphant, un diplomate et journaliste anglais, chrétien, porté sur le mysticisme sur le retour des Juifs dans leur terre ancestrale. Oliphant avait déjà visité la province ottomane, ainsi que quelques communautés juives en Russie et en Roumanie, et a tenu un discours très encourageant lors de la première réunion des associations sionistes des Juifs du nouvellement instauré royaume de Roumanie, tenue à Focsani en janvier 1882. Oliphant propose au jeune Imber de devenir son secrétaire et enseignant-traducteur d'hébreu, et en novembre 1882 Imber et le couple Oliphant arrivent à Haïfa, où ils s'installent dans une villa. L'été il fait trop chaud "en ville" et Oliphant achète une parcelle au village druze voisin (Daliat el Carmel), et y fait construire une maison où le couple et Imber logent.

    Oliphant se promène dans le pays, et envoie ses études et descriptions de ses visites pour publication au New York Sun ainsi qu'au Jewish Chronicle à Londres (il réunit une soixantaine de ses articles dans l'ouvrage Haifa or Life in Modern Palestine, publié en 1885).

    La réunion de Focșani a eu des effets immédiats : en août 1882 une quarantaine de familles (228 personnes) se sont embarquées sur un bateau partant de Galați et ont fondé la Mochava (localité rurale) Rosh Pina, suivies par 386 personnes qui ont fondé, une semaine après, la Mochava Zichron Yaakov. C'est le début de la première Aliya. Elle comporte majoritairement des juifs de la zone de résidence russe, de Roumanie, de Bulgarie, et du Yémen, qui s'installent dans les villes du « vieux Yichouv » (Hébron, Jaffa, Safed, Tibériade, Jérusalem) et sur des terrains achetés au Golan et au Hauran, en Galilée, dans la plaine du Sharon, avec leurs fonds et grâce aux dons des barons Maurice de Hirsch et Edmond de Rothschild.

    Cette même année 1882, à la suite des pogroms russes, Léon Pinsker publie « Auto-émancipation », et le mouvement des Amants de Sion prend ampleur.

     

    b. La rédaction du poème

     

    Au cours de son séjour, Imber visita la trentaine de nouvelles localités, séjourna dans les villes, et écrivît des poèmes qu'il récitait volontiers (notamment après quelques verres de vin), et surtout, ajoutait et améliorait « Tikvatenou », complétée en 1884. Dans son premier recueil de poèmes, publié à Jérusalem en 1886 intitulé Barkaï (l'aurore), Tikvatenou comporte neuf strophes, en vers. De l'ensemble des poèmes publiés, Tikvatenou suscite le plus d'enthousiasme chez les Haloutzim (pionniers, mot hébraïque ressuscité par Imber). Dans « notre espoir », Imber évoque, dans la langue ancestrale, l'âme juive, l'attachement à sa terre ancestrale, notamment Jérusalem, le sentiment national Juif et, surtout, l'espoir de se retrouver sur les lieux ancestraux.

    Un des secrets de cet engouement réside dans le dialogue du poète avec les sources hébraïques, car le poème correspond à la mentalité des Haloutzim. Ce sont pour la plupart des gens issus, comme lui, de milieux traditionnels, pratiquants (c'est avec des caftans et des boucles rouquines et blondes qu’Oliphant les décrit). Et hébraïsants : les noms qu’ils choisissent pour leur Mochavot sont tous puisés de sources bibliques.

    De la sorte, une des plus célèbres lignes « notre espoir n'est pas encore perdu » (Od lo avda Tikvatenou) est la réponse d'Imber à la vision du prophète Ezékiel (37:11) « Nos ossements sont desséchés, notre espoir est perdu ». Ou encore, lorsqu'il évoque le regard porté vers l'orient, il dialogue avec le poète Yéhuha Halévi (Tolède, 12ème) qui écrit « mon cœur est à l'est et je suis au fin fond de l'ouest ».

     

    c. L’accueil et l’évolution du poème

     

    Une fois le poème adopté et déclamé, on ressent le besoin le chanter. Une première tentative (comportant une mélodie distincte pour chacune des 9 strophes) échoue, et c'est un jeune Haloutz, Samuel Cohen, qui avait reçu le recueil d'Imber dans sa Bessarabie natale de la part de son frère déjà installé en Eretz Israël, et était arrivé à Rishon LeZion en 1887, qui commence à le fredonner avec une mélodie populaire roumaine (chantée ici par Nathan Kogan, neveu de Samuel Cohen).

    Le couplage entre le poème et la mélodie fonctionne, les fermiers de Rishon le chantent lors de leurs réunions, ceux de Rehovot le déclarent l’hymne de leur Mochava, et les autres Haloutzim l'adoptent avec délectation.

    Un des fondateurs de Rosh Pina exporte la chanson en Europe. Un hazan (cantor) de Breslau le transcrit et le publie en 1895 dans une brochure de « quatre mélodies syriennes » sous le titre « Sehnsucht ». La même année, le poème est republié en Eretz Israël avec le titre Hatikva (l'espoir), et en inversant l’ordre des deux strophes du début.

    En 1898, Theodor Herzl effectue sa visite historique en Eretz Israël. Accueilli à Rehovot par Hatikva, il n'en est pas particulièrement ému (son hébreu était limité). Ce n'est qu'au 4ème congrès sioniste (Londres, 1900) que les délégués entonnent spontanément Hatikva. Mais au 6ème congrès sioniste (1903), lors duquel l'option ougandaise a été débattue, les mots "Aïn le Zion tzofiya" (l'œil regarde vers Sion) ont touché la corde sensible des délégués, et le congrès s'est terminé avec une immense Hatikva. Dorénavant, sans en décider explicitement, Hatikva fut le chant de clôture. Hatikva ne fut déclarée l'hymne du mouvement sioniste qu'au 18ème congrès, en 1933 et, de ce fait, il fut établi qu'il sera chanté debout.

    La dernière retouche a été effectuée en 1905 par Dr. Metmann-Cohen, alors professeur à l'école de Rishon LeZion (et par la suite directeur du premier lycée hébraïque, Gymnasium Herzliya à Tel Aviv). Il remplace « l'ancien espoir » par le plus précis « l'espoir de deux mille ans », et surtout « retourner à notre terre ancestrale, à la ville où [le roi] David a séjourné » par « être un peuple libre sur notre terre, terre de Sion et Jérusalem », car c'est plus pertinent par rapport à ceux qui ont déjà fait leur Aliya. Les vers ne riment plus, mais le poème se transforme par là en porteur de l'espoir d'indépendance nationale. Cette version est restée quasi confinée à Eretz Israël jusqu'à la fin des années 1940. En diaspora, on chantait surtout la version d’Imber.

     

    Voici une exceptionnelle interprétation enregistrée en 1918 par la soprano Alma Gluck, qui a donné tous les droits de cet enregistrement (bien vendu) aux entreprises du Yichouv. Également singulière est sa prononciation sépharade de l'hébreu, alors qu'à l'époque la prononciation courante en occident était ashkénaze, et elle chante une strophe de plus du poème d'Imber.

    Et voici des jeunes élèves du lycée hébraïque de Munkács, Hongrie, au début des années 1930.

    La capacité mobilisatrice de Hatikva est démontrée dans ce reportage poignant de Bergen-Belsen, en avril 1945.

     

    B. La mélodie

     

    Carul cu Boi n'est pas la seule chanson populaire roumaine qui utilise cette mélodie. On en connait au moins 3 autres dont « 

    Mais l'air remonte à bien plus loin. On le rencontre en Italie, aux alentours de 1600, transcrit par Giuseppe Cenci (Giuseppino del Biado), ténor de la chapelle papale au service du cardinal Odoardo Farnese puis du cardinal Scipione Borghese, neveu du Pape Paul V, aux paroles de la canzonetta Fuggi, fuggi, fuggi da questo cielo. Sous le titre La Mantovana ou « Le bal de Mantoue », il circule au cours des 150 ans suivants dans toute l'Europe. Noël suisse en France, Kucheriava Katerina‬ en Ukraine.

    Certains ethnomusicologues italiens soutiennent que les soldats de l'armée turque (en majorité hongrois, serbes, roumains) se sont imprégnés de l'air de La Mantovana lors du siège de Candia en Crète (1647-1669), et l'ont répandue en rentrant chez eux.

    Est-ce lors de ses voyages en Italie que W.A. Mozart a entendu l'air qu'il insert dans la 8ème des 12 Variations sur Ah ! vous dirais-je, maman, K265 (publiées à Vienne en 1785)?

     

    En fait, l'air est d'origine plus ancienne. Dans certaines communautés ashkénazes (par ex. en Silésie polonaise), le Piyout Yigdal Elohim Haï, composé par Daniel ben Judah Dayan à Rome au milieu du 14ème, est chanté sur cet air. Voici la version que chantait le Hazan (cantor) Myer Lyon (Leoni) vers 1770 à la grande synagogue ashkénaze de Londres. Mais dans les synagogues espagnoles-portugaises d'Amsterdam, de Paris, de Bayonne, de Bordeaux, de Londres, on chante la prière pour la rosée, Lekh Leshalom Geshem, selon cette même mélodie, de toute évidence emportée et pieusement conservée par les juifs expulsés d'Espagne en 1492. La racine mélodique de Hatikva fait donc bien partie du patrimoine Juif, éparpillé et itinérant comme les juifs et la langue hébraïque autour de la Méditerranée et au delà.

    Hatikva a toujours été plébiscité par le vox populi : l’attachement serait-il atavique ?

    C. L'orchestration et l’hymne

    Hatikva était surtout chantée. Mais plus le Yichouv se développait, plus le besoin d'une transcription orchestrale se faisait sentir.

    En octobre 1945, arrivé en Palestine mandataire à bord d'un destroyer britannique, le chef d'orchestre italien Bernardino Molinari déclare qu'il est venu à la suite d'une vision de la Vierge Marie. Le Maestro a dirigé durant 3 ans l'Orchestre Symphonique de Palestine (fondé en 1936, devenu l'Orchestre Philharmonique d'Israël). Dans son orchestration pour chœur et orchestre, aux cordes veloutés et grâce au perspicace contrepoint qu'il introduit, l’air mineur gagne en profondeur.

    Les autorités du mandat britannique en Eretz Israël - Palestine ont interdit aux orchestres de le jouer, et à la radio de le diffuser. On faisait jouer la Moldau de Smetana à la place. Mais voici qu'en novembre 1947, à la veille de la décision historique de l'ONU, Chaïm Weizmann préside un gala au Waldorf Astoria, à New York City, célébrant son 73ème anniversaire et une levée de fonds pour l'Institut des sciences de Rehovot (portant depuis son nom). En vue de cet événement, il demande que Kurt Weill (qu'il a rencontré quelques mois auparavant, lorsque ce dernier a rendu visite à ses parents en Palestine mandataire) compose une orchestration de Hatikva pour le concert de l'orchestre symphonique de Boston, dirigé par Serge Koussevitzky, prévu pour la soirée. Le vote des Nations-Unies, quatre jours après, a eu une réception plus enthousiaste que la déconcertante orchestration de Weill.

    Donc le 14 mai 1948, après la déclaration d'Indépendance de l'État d'Israël, le public a chanté Hatikva, et l'Orchestre Philharmonique d'Israël l’a joué sous la baguette de Molinari. Ce dernier, n'ayant pas eu une attitude irréprochable durant la 2ème guerre mondiale, est parti en 1948 (serait-il venu dans l'espoir d’expier ses fautes?) et on a remplacé son orchestration par celle de Paul Ben Haïm. Il a fallu l'insistance de Leonard Bernstein pour revenir, une décennie après, à la version de 1948. Version qu'il a dirigée au début du mémorable concert de juillet 1967 au Mont Scopus, dans Jérusalem unifiée, telle que l’on joue en Israël depuis.

    En France libérée, Emil Stern a demandé au parolier Henri Lemarchand d'écrire des paroles françaises pour Hatikva, devenue Garde l'espérance chantée par Renée Lebas.

     

    Ce n'est qu'en 2004 que Hatikva est devenue légalement l'hymne national de l'état d'Israël. Celui qui a proposé la loi est Ayoub Kara, un membre de la Knesset (parlement) et ministre druze. C'est son grand-père qui a vendu le terrain sur lequel Laurence Oliphant a bâti la maison de Daliat el Carmel. C’était 120 ans après la fin de la rédaction du poème. Sépharade, ashkénaze, italien, yéménite, druze, chrétien, musulman… 130 ans après, près du double de l’âge de l’État d’Israël, l’espoir nous anime toujours.


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  • Certains se permettent de pardonner, ce qui est un abus de pouvoir, car seuls ceux qui ont subi sont habilités à pardonner. Certains voudraient oublier... Sans avoir conscience que cet oubli facilitera le recommencement... 

    En Israël, chaque année, nous nous souvenons... Ainsi: 


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