• Sur les réfugiés palestiniens en général et les gazaouis en particulier...

    Sur Gaza et les gazaouis, quelques précisions.

    I. Les réfugiés en général.

    Il s'agit d'une partie des arabes déplacés, pour la majorité d'entre eux, de leur propre chef et/ou à l'invitation des armées arabes, en 1948, durant la guerre d'indépendance de l'Etat d'Israël.

    Ces arabes, dans leur quasi-totalité, se sont installés dans la zone géographique qui regroupe Israël, la Judée et la Samarie (appelée bizarement aussi "cisjordanie", concept tout récent), et l'actuelle Gaza.

    L'époque de cette installation de ces arabes se situe entre 1862 et 1948. Elle a pour cause principale l'arrivée de juifs, par vagues successives, qui remettait le pays en valeur et fournissait du travail aux populations arabes, qui venaient de Syrie principalement, d'Egypte et d'Irak. (Période de 1862 à 1923 environ).

    Puis, durant la période 1923-1948, l'autorité mandataire (Grande-Bretagne) sur la région a laissé s'installer quelques dizaines de milliers d'arabes supplémentaires (voir ici: http://lessakele.over-blog.fr/article-des-preuves-de-l-immigration-en-palestine-des-musulmans-hauranites-syrie-en-1932-50187336.html) cependant que cette même autorité faisait preuve d'un laxisme étonnant devant les pogroms anti-juifs menés à l'instigation d'El Hadj al Husseini, grand mufti de Jérusalem et grand ami, admirateur et zélateur d'Hitler. Dans le même temps, la Grande-Bretagne fermait ce qui était alors dénommé "Palestine" à l'immigration juive, reniant ainsi son engagement d'œuvrer à la création d'un "foyer national juif", appellation d'origine contrôlée pour éviter de parler d'un Etat Juif.

    Pendant la seconde guerre mondiale, le "Yishouv" (i.e. la communauté juive de "Palestine"), décida deux choses: participer à l'effort de guerre anglais contre les nazis, tout en continuant à restaurer le pays et en faisant ce qui était possible pour faire venir d'autres juifs en forçant le blocus anglais.

    Après la seconde guerre mondiale, le Yishouv se révolta contre la Grande-Bretagne, puissance occupante, et s'efforça de protéger sa population des arabes, dont l'agressivité et les violences croissaient.

    La situation devenue intenable pour les anglais, pour des raisons locales et d'opinion publique (épisode de l'Exodus), ceux-ci refilèrent la patate toute chaude à l'ONU, qui, en 1947 (29 novembre), proposa un plan de partage visant à l'établissement de deux états, l'un juif et l'autre arabe, sur ce qui restait de la "Palestine" déjà largement amputée par la création, anglaise, du Royaume de Jordanie.

    Ce plan était stupide dans la mesure où l'Etat juif était indéfendable (Voyez la carte: http://domino.un.org/maps/m0103_1b.gif).

    Cependant le Yishouv, avec Ben Gourion à sa tête, l'accepta. Les arabes le refusèrent.

    Le 14 mai 1948 eut lieu la déclaration d'indépendance d'Israël. Le lendemain, les armées arabes envahirent le pays, ce qui donna lieu à la guerre d'indépendance, qui se fit en deux temps, avec une trève qu'Israël accepta de prolonger, ce que refusèrent les Etats arabes.

    Ces derniers étaient très optimistes et demandèrent aux populations arabes de laisser le champ libre à leurs armées, leur promettant qu'elles reviendraient une fois le job accompli, i.e. les juifs jetés à la mer.

    Telle est l'origine des réfugiés de "Palestine".

    J'éviterai ici de parler de l'ensemble de ces derniers, par souci de concision, puisqu'aujourd'hui j'évoque ceux de Gaza.

     

    II. Les réfugiés de Gaza

    Entre 1948 et 1967, le territoire de Gaza a été administrée par l'Egypte. Celle-ci s'est toujours refusée à faire quoi que ce soit, ni pour intégrer ces populations à la sienne, ni pour développer ce territoire.

    Et ceci avec la bénédiction constante de la Ligue Arabe, qui estimait que la persistance de cette situation dramatique était le seul motif valable de continuer à refuser de négocier un traité de paix avec Israël.

    Lors de la guerre des six jours, en juin 1967, Israël s'empara du Sinaï, les généraux de Tsahal furent choqués du sort réservé à la population gazaoui, et Israël décida de lui ouvrir ses propres frontières.

    De telle sorte que, pendant des années, des centaines de milliers de gazaouis purent venir travailler en Israël et commencer à se développer.

    Ce n'est que postérieurement à 1967 que semble émerger un début de conscience nationale palestinienne.

    Mais j'insite sur le "semble émerger", dans la mesure où 1) les différentes factions se réclamant du "peuple palestinien" ne sont jamais tombées d'accord sur une solution nationale qu'Israël est prête à négocier depuis longtemps, et 2) en raison du double langage pratiqué par ces diverses factions, qui voudraient cacher qu'en fait, d'un état, elles se contrefichent, mais que ce qu'elles veulent toutes, c'est la disparition de l'Etat d'Israël.

    Côté "palestinien", la situation est pourrie, car ces populations (Gaza, mais aussi "cisjordanie" et Hezbollah au Liban), sont instrumentalisées par beaucoup d'intervenants, certains internes, d'autres externes.

    Internes: ce sont les différentes factions palestiniennes, véritable nébuleuse de clans et d'obédiences variées, très instable et donc très changeante.

    Même –pour ne pas dire en premier lieu- l'UNWRA n'a aucun intérêt à ce qu'une solution viable soit trouvée: que feraient alors ces milliers de fonctionnaires payés depuis 1948 par la communauté internationale ?

    Externes: les intervenants sont là aussi très variables en fonction des moments, Grande-Bretagne, URSS à l'époque, France, Etats-Unis,  mais aussi et bien sûr la Ligue Arabe, l'OCI, l'Iran, les frères musulmans, la Turquie, la Syrie, l'Arabie Saoudite, et des quantité d'organisations non gouvernementales, et jusqu'à bon nombre de collectivités territoriales de pays occidentaux qui financent Gaza… Il faudrait un livre aussi épais qu'un annuaire pour en dresser liste complête, et j'ai conscience de ne pouvoir être exhaustif.

    Côté israélien, ce n'est pas toujours clair non plus, hélas.

    Ce qui reste de la gauche, elle-même à l'initiative des colonies de peuplement juifs à Gaza entre 1967 et les premiers gouvernements de la droite, ne supporte pas ses défaites, patentes sur à peu près tous les plans. De plus en plus minoritaire, elle fait tout pour nuire et brouiller les cartes, parfois par intérêts politiques personnels, parfois pour des raisons moins égoistes et plus idéologiques.

    Et même le gouvernement actuel ne peut être totalement clair, parce qu'il a plusieurs éléments à prendre en compte, certains le tirant dans une direction, d'autres dans une direction opposée (pour exemple, il ne peut évidemment pas abandonner l'otage Guilad Shalit à son sort, ce qui serait à la fois immoral, inhumain, contraire aux valeurs juives et israéliennes, et susceptible de créer des désordres considérables en Israël même. Mais il ne peut pas non plus faire l'impasse sur la sécurité à venir de ses citoyens qu'il est en charge de protéger. Terrible dilemme sur lequel jouent le Hamas, le Hezbollah, et bien d'autres pourris.)

    Enfin, il existe un phénomène beaucoup plus général qu'il convient de prendre en compte, et qui, à mon avis, constitue une bonne partie du problème.

    Ce phénomène est visible à travers une bonne partie de la littérature récente juive et israélienne, souvent de très bonne qualité, mais très vite obsolète (je pense – ce n'est qu'un exemple, à ce très beau livre de Marek Halter, "La Mémoire d'Abraham").

    Il est visible aussi à travers des mouvements tels que JStreet / JCall, ainsi que des livres qui se veulent historiques tel que celui de Shlomo Sand ("Comment le peuple juif fut inventé") ou contributives à la paix, comme ceux d'Abraham Burg ("A mes amis arabes") ou d'Elie Barnavi ("Lettre d'un ami israélien à l'ami palestinien"), par exemple.

    Là encore, je ne prétends bien évidemment pas, et de très loin, être exshaustif.

    Ce phénomène, c'est un décalage dramatique entre une bonne volonté juive, emprunte de la civilisation des lumières, et le radicalisme qui est plus musulman qu'arabe (le djihad fait des morts des Philippines aux Etats-Unis).

    Ce phénomène est dramatique, d'autant qu'il est alimenté par ce que j'appellerai, faute de meilleure inspiration, une méconnaissance en miroir: si des idéologies vivent et s'affrontent en Israël, elles cèdent le plus souvent la place à un esprit pragmatique.

    En occident et particulièrement en Europe, c'est le contraire. On y raisonne encore en fonction d'une opposition gauche/droite, et on plaque cette vision manichéenne sur l'échiquier politique israélien, bien plus complexe. D'où des malentendus et des déceptions réciproques.

    Pour conclure, j'aimerais dire simplement:

     A ceux de mes amis occidentaux qui pensent qu'Israël ne veut pas la paix: "- Vous faites à Israël un faux procès. Vous oubliez que pour parvenir à la paix, tout le monde doit s'assoir autour d'une table de négociations, de négociations directes et sans arrière-pensée. C'est la seule et unique condition, mais elle est indispensable. Elle n'est, malheureusement, pas d'actualité."

    A mes compatriotes d'Israël:

    "Surtout ne lâchez rien, car alors le monde deviendrait tout-à-fait invivable. Je me réjouis d'être bientôt de retour  'Abaïta."


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    Rotil Profil de Rotil
    Dimanche 4 Juillet 2010 à 21:20
    Sur Gaza, j'ajoute ce lien qu'un ami m'envoie et qui est fort intéressant:



    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :