• Sur l'origine des réfugiés. Document important. Source lessakele.over-blog.fr

    Ne réclamer que la vérité historique 

     

    Par Efraim Karsh 

    Adapté par Marc Brzustowski 

    Pour © 2011 lessakele et © 2011 aschkel.info 


    Haaretz
    June 10, 2011
     

    http://www.meforum.org/2937/historical-truth 

     

    Je suis d’accord avec Shlomo Avineri, dans son éditorial “"Le Sionisme n’a pas besoin de propagande »  (Edition anglophone du Haaretz, 23 mai), lorsqu’il dit que la tragédie qui s’est abattue sur les Arabes palestiniens en 1948 résulta uniquement de leur propre fait, et qu’il y a, par conséquent, une « grave défaillance morale dans tout le discours sur la Naqba ». 

     

    Je suis, cependant, supris par son assertion selon laquelle “ en dépit de décennies de recherche, à ce jour, aucun document ni programme n’a été trouvé, confirmant… [un ordre quelconque] émanant des cercles dirigeants arabes et incitant la population à partir”. Cette prétention ne peut pas être plus éloignée de la vérité. Bien que la plupart des Arabes palestiniens n’aient pas eu besoin de beaucoup d’encouragements pour prendre la route, bon nombre d’entre eux ont été tirés de leurs domiciles par leurs propres dirigeants et/ou « l’Armée de libération arabe », qui était entrée en Palestine avant même la fin du Mandat, en dehors de toute considération militaire ou dans le but de les empêcher de devenir les citoyens de l’Etat juif en voie de constitution. Sur cela, on dispose d’un corpus surabondant et incontestable de preuves contemporaines – des dépêches du renseignement, des documents arabes interceptés, des reportages de presse, des témoignages personnels et des biographies, et ainsi de suite, etc. 

     

    Dans l’exemple le plus frappant et le mieux connu d’instigation arabe à l’exode, des dizaines de milliers d’Arabes ont reçu l’ordre ou des intimidations pour qu’ils quittent la ville d’Haïfa (le 21-22 avril) sur l’instruction du Très Haut Comité Arabe, qui tenait lieu de « gouvernement » effectif pour les Arabes palestiniens. Seulement quelques jours plus tôt, ses propres dirigeants avaient forcé, de la même façon,  la communauté arabe de Tibériade, forte de 6000 âmes, contre la volonté et les assurances des Juifs locaux (une quinzaine de jours après l’exode, Sir Alan Cuningham, le dernier Haut Commissaire britannique pour la Palestine, rapportait que les Juifs de Tibériade « auraient accueilli avec gratitude le retour des Arabes ». A Jaffa, la plus grande ville arabe de Palestine, la municipalité a organisé le transfert de milliers de résidents par terre et par mer ; à Jérusalem, le Haut Comité Arabe a ordonné le transfert des femmes et des enfants, et les chefs de gangs locaux ont poussé dehors les résidents de plusieurs quartiers, alors qu’à Beisan, on a ordonné aux femmes et aux enfants de partir, pendant que la Légion arabe de Transjordanie s’y barricadait. 

     

    Avineri mentionne bien les vigoureux efforts juifs pour persuader les Arabes de Haïfa de rester, mais pas les ordres du HCA de partir – qui étaient transmis par téléphone au gouvernorat local, et que la Haganah a enregistrés. Pas plus qu’il ne fait remarquer les efforts très bien documentés des dirigeants arabes d’Haïfa, diffusant des communiqués alarmistes à leurs administrés infortunés, très réticents à partir, pour qu’ils s’enfuient à toutes jambes. Plusieurs résidents arabes recevaient des menaces écrites selon lesquelles, à moins qu’ils ne quittent la ville, ils seraient dénoncés comme traîtres et passibles de mort. A d’autres, on disait qu’ils ne devaient attendre aucune pitié de la part des Juifs. 

     

    Selon les termes d’un rapport du renseignement britannique : “Même après que les Juifs aient pris le contrôle de la ville, et malgré une pénurie conséquente de nourriture, beaucoup n’auraient pas répondu à l’appel à une évacuation complète de la ville, si les rumeurs et la propagande des membres du Comité National demeurant encore dans la ville, n’avaient circulé. La plus répandu était celle selon laquelle les Arabes restant à Haïfa serviraient d’otages aux Juifs, dans l’éventualité d’attaques prochaines sur d’autres zones détenues par les Juifs : et un morceau conséquent de cette propagande consistait en une série de menaces de représailles, quand les Arabes reprendraient la ville, contre ces gens restés à Haïfa, comme quoi, ce faisant, ils reconnaissaient tacitement qu’ils croyaient au principe d’un Etat juif ». 

     

    Ce phénomène n’était pas du tout circonstancié uniquement aux villes palestiniennes. La dépopulation délibérée des villages arabes, également, et leur transformation en bastions militaires était la marque de fabrique de la campagne arabe en vue du déclenchement des hostilités. Dès le mois de décembre 1947, les villageois des environs de Tul Karem ont reçu l’ordre de leurs dirigeants locaux, et à la mi-janvier, les dépêches des renseignements de la Haganah rapportaient l’évacuation des villages de la vallée d’Hula, mise en œuvre par les gangs locaux en vue de l’arrivée en masse des forces de la Légion Arabe (ALA). 

     

    Aux environs de février, ce phénomène s’était étendu à la majeure partie du pays, atteignant une dynamique considérable en avril et mai, alors que les forces arabes à travers toute la Palestine se mettaient en marche de façon significative. Le 18 avril, la branche du renseignement de la Haganah à Jérusalem mentionnait un ordre général récent de supprimer toute présence de femmes et d’enfants de tous les villages autour des localités juives. Douze jours plus tard, son homologue de Haïfa rapportait une directive de l’ALA d’évacuer tous les villages arabes entre Tel Aviv et Haïfa par anticipation d’une nouvelle offensive générale. Au début mai, alors que les combats s’intensifiaient dans l’Est de la Galilée, les Arabes locaux reçurent l’ordre d’évacuer tous les enfants et les femmes de la zone de Rosh Pina, pendant que, dans le secteur de Jérusalem, la Légion arabe transjordanienne ordonnait qu’on vide de leurs habitants des dizaines de villages. 

     

    Pour résumer, le Sionisme n’a besoin d’aucune propagande pour soutenir sa cause, mais c’est encore la vérité historique qu’il faut continuer de réclamer, après des décennies de distorsions implacables. 

     

    Est chercheur-enseignant des études du Moyen-Orient et de Méditerranée au Collège Royal de Londres, directeur du Forum sur le Moyen-Orient (Philadelphie) et auteur, le plus récemment de « la Palestine trahie ».  

    Par Gad Publié dans : israël et voisins hostiles  

     


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  • Commentaires

    1
    MMlles
    Vendredi 10 Juin 2011 à 17:11

    Oui, il faut exiger les vérités historiques - et aux plus hautes instances.

    (je ne leur met pas de majuscule, elles ne le méritent pas)

     

    Bon Shabbath

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