[Journal 24 Tamouz 5774 / 22/07/2014...

13:00 Je m'endormais pour une sieste, après une matinée usante à suivre au casque et sur mon ordinateur l'émission spéciale d'i24news du matin, sur le 15ème jour de la guerre défensive menée contre le Hamas... Sur Facebook et par mails, j'avais appris que notre jeune soldat tué au combat serait inhumé ce soir, à 18:45, au cimetière militaire d'Ashkelon. J'avais demandé à mes amis qui m'avaient averti quels étaient les moyens de locomotion pour me rendre où adresser à ce soldat le dernier hommage...

A 13:00 donc, mon téléphone sonne, c'est mon ami James qui me prévient qu'Elie L., de Tel-Aviv, pourra passer me prendre dans l'après-midi...

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15:30 J'appelle Elie L. pour lui demander des précisions sur notre lieu de rendez-vous. Il me dit qu'il quitte bientôt Ashdod et me propose de me prendre vers 16:30 près de la "taHana merkazit" - la station centrale des bus. Nous affinons le lieu du rendez-vous.

16:30 Mon ami Elie L. m'a récupéré, et nous nous dirigeons vers Sdérot, une des localités qui, située à moins de 2 kilomètres de Gaza, subit des attaques de façon quasi quotidiennes et sans la protection du dôme de fer... 

Nous arrivons rapidement à Sdérot où nous sommes reçus avec beaucoup d'émotion par une famille: que des gens de Tel-Aviv (Elie L.) et d'Ashkelon (moi) viennent simplement leur dire bonjour, leur signifier notre solidarité... Grosse émotion! 

Nous allons ensuite à la rencontre d'une vingtaine de soldats qui se reposent durant quelques heures. A nous, qu'eux défendent au péril de leurs vies, ils nous remercient d'être venus leurs dire simplement que nous sommes avec eux... C'est un duel de "merci" qui s'instaure où il nous semble que nous devrions avoir le dernier mot: quand même! Ce sont ces gars-là, de toutes provenance géographique, d'âges divers, qui risquent leur peau pour notre survie! 

18:30 Nous sommes arrivés au cimetière militaire d'Ashkelon... Un des commerçants avec lequel j'ai noué sympathie m'avait prévenu qu'en raison des risques d'envoi de kassam par nos "amis" de Gaza, la défense civile avait limité à 300 le nombre de ceux qui pourraient s'associer à la douleur de la famille de ce soldat... 

Dans la réalité des choses, nous étions plutôt dix mille... 

Je n'ai pas tout vu de l'adieu fait à Jordan Bensimhoum, je n'étais pas au premier rang... 

J'ai entendu les discours qui lui étaient adressés, par les membres de sa famille, par un certain nombre de personnalités civiles, militaires et politiques. 

J'ai entendu derrière moi les sanglots de quelqu'un qui pleurait cette perte. Je n'ai pas voulu me retourner pour regarder cette personne. J'ai partagé sans le dire à personne ce sentiment de perte qui la faisait sangloter mais... Mais j'aurais voulu moi aussi sangloter. Ma pudeur a été mon frein, je n'en ressentais pas moins.

Jordan Bensimhon, mon frère, mon fils... Sais-tu ce que je pense de toi? Par ton héroïsme, par le don de ta personne à ton pays, tu l'unifies... 

Pour t'accompagner en ta dernière demeure, tous les israéliens étaient là à te pleurer: qu'ils soient originaires de Russie,de France, d'Ethiopie ou d'ailleurs, nous étions tous là avec toi, et nous ne t'oublierons jamais! ]

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La force d'Israël, c'est ça: se réunir autour d'une famille meurtrie par une perte irremplaçable; faire corps avec elle... Si nous n'avions pas cela, nous pourrions avoir dix fois plus d'avions et de tanks... Et nous ne vaudrions plus rien... 

Tu fais partie de ceux grâce auxquels nous valons quelque chose. 

Permets moi, à moi qui suis encore loin de respecter toutes les mitsvoth, permets moi, Jordan, de te dire: "Je te bénis!"

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P.S.: Je n'ai pas bien su comment rédiger cet article, mi sous forme de journal, mi sous forme d'une analyse sur ce qui fait la force de notre pays. Je suis sous le coup d'une intense émotion, pour ce que j'ai vécu toute cette journée. 

A bientôt!